Méandres
Réunies par hasard, n’osant pas se frôler
Sensibles et si timides, pourtant si translucides,
Deux gouttes d’eau limpides, se sentant enfermées,
Rêvèrent de s’unir, de sauter dans le vide.
Elles en avaient envie mais la force manquait,
Comment faire pour s’extraire des autres éléments.
Des gouttes d’eau autour, aucune ne le voulait,
L’avenir est si lourd rongés de sentiments.
Et pendant des années, le rêve de fusionner
Est resté si ancré malgré tant de vraies peurs.
Elles auraient pu aussi, soudain être emportées,
Cachées parmi des larmes de tristesse et de pleurs.
Mais les larmes du coeur attendent le destin,
D’un murmure ruisselant, évoquant une prière,
Elles créent dans la vallée des méandres malins
En forme de maillons roulants vers la rivière.
Les maillons sont des chaînes, emmêlées pour toujours,
Recherchant de l’espace, enserrées par les rives,
Mais le courant est fort, de vigueur et d’amour,
Il court vers l’océan et ses eaux libres et vives.
L’estuaire est tout proche, les berges s’élargissent,
Comme les murs d’une cage, effondrés pour toujours.
C’est un saut vers la mer où les chagrins périssent,
La porte est grande ouverte et dehors il fait jour.
Imaginez les gouttes, emportées par la mer,
Les tourbillons d’écume et la houle de suroit,
Pourront-elles survivre et rester solidaires,
Pour s’unir à jamais malgré tout ce fracas.
Mais c’est inéluctable, car le rêve est si fort.
La seule transparence de ces deux gouttes d’eau
Leur confère pour toujours, l’union des maillons d’or
Pour leur sincérité empêchant le grand saut.
Il le sait ce destin, si un jour elle pourront,
Fusionner leurs atomes pour ne former qu’une seule,
Et même molécule, un unique poumon,
Pour respirer l’automne et ses éclats de feuilles.
Peut-être bien qu’un soir, aux portes d’un chalet,
Les deux gouttes unifiées tomberont en flocon,
Se posant doucement, dans le creux bien replet,
D’une main salvatrice connaissant leur union !.