Entre la haute et la basse ville par un froid dimanche de février je suis arrivée
A l’ombre de ses deux clochers au 12 de cette rue pentue je suis née
J’aime la voir au soleil levant, se mirer, en ses trois rivières, la Laïta, l’Isole et l’Ellé.
Enjambant ces eaux vives, de vieux ponts aux blocs de granit usé
Ses maisons blotties les unes contre les autres, de lumière éclaboussées
Les cloches de ses deux églises résonnent tout au long de ses rues empierrées
Elle a connu les guerres, la gloire elle ne l’a pas recherchée
C’est ma ville c’est Quimperlé.
Toi qui passes dans ses rues laisse la magie, le charme de ma ville t’apprivoiser
Debout depuis des temps anciens, Anaurot elle fut tout d’abord appelée
Carrefour entre Quimper et Vannes, Anne De Bretagne dit-on s’y est aventurée
Ses vieilles rues aux maisons à colombage témoignent de son passé
Place Lovignon, à l’ombre des tilleuls, le lavoir, tout nu de nos jours, boudé
De vieux contes, des histoires d’autrefois se murmurent le long de ses pavés.
C’est ma ville, c’est Quimperlé.
Comment te la raconter, exprimer son charme, comment la présenter
Les champs à la terre lourde et fertile aux forts effluves semblent l’emprisonner
Il y a du sel dans l’air que la Laîta étalant sa robe dans la mer nous envoie par marée
Va d’un pas nonchalant le long de ses rues tranquilles, va la rencontrer
C’est ma ville c’est Quimperlé.
La basse ville, ses quais Surcouf et Brizeux, où les pêcheurs aiment flâner
L’ancienne abbaye, la fière église Ste Croix, joyau d’architecture et son clocher isolé
Dans la crypte chichement éclairée, des gisants en pierre, tombeaux des premiers abbés
Non loin, haut lieu de justice royale, le présidial, tribunal autrefois de la sénéchaussée
C’est ma ville c’est Quimperlé.
Après un escalier jalonné de vasques de fleurs ou une ruelle tortueuse et escarpée
Dominant la haute ville, Notre Dame, église gothique flamboyant, finement ciselée
Du haut de sa tour, sonnent les heures, le glas funèbre ou dans la joie à toute volée
Autour d’elle, Place St Michel, le vendredi, le marché, odorant, vivant et si coloré
Où tôt le matin, à peine installés, les vendeurs s’interpellent entre les étals surchargés.
Les clients, le panier sous le bras, déambulent, discutent, volubiles, les produits proposés.
Entre deux arbres, ils évitent l’échafaudage de ferraille de forme lunaire insolite et déplacé
C’est ma ville c’est Quimperlé.
Tout le monde sait, les Quimperlois l’affirment, la perle de la Bretagne c’est leur cité
Ceux-ci un peu méfiants tout d’abord puis accueillants quand on les connaît assez.
Leur accent un peu scandé, ponctué, n’appartient qu’à eux mais devient vite familier
Honni soit qui mal y pense mais leur façon de parler, c’est un peu leur âme, leur identité
Un héritage, un privilège, ils l’emmènent avec eux collée à la semelle de leurs souliers
C’est ma ville c’est Quimperlé.
Sur la colline, à l’ombre de sa chapelle aux ardoises bleutées
Le paisible cimetière, terre noble et sacrée
Un champ de tombes aux lourdes pierres grisées
Là dorment nos aïeux en toute sérénité
Me promets-tu de ne pas m’oublier
Lorsque le voyage de ma vie sera terminé
Ecoute, écoute donc Quimperlé, toi ma ville, ce poème qui t’est dédié